Chaque année, le monde gaspille plus du tiers de sa production alimentaire. Pour l’année 2019, plus de 10 millions de tonnes de nourriture ont été jetées à la poubelle, rien qu’en France. Ce chiffre représente environ 16 millions d’euros de perte pour les industries agroalimentaires. Lutter contre le gaspillage devient ainsi une nécessité. Pour y arriver, l’État a instauré des mesures sévères grâce à la loi Garot.
Cependant, bien plus qu’une obligation, limiter le gaspillage alimentaire est un enjeu économique majeur pour les entreprises œuvrant dans ce secteur. Depuis quelques années, des solutions numériques ont fait leur apparition afin d’améliorer la gestion de la production. Quels sont les principaux outils disponibles ?
Les conséquences du gaspillage alimentaire
Le gaspillage alimentaire mondial impacte de nombreux domaines :
- L’environnement
Ce gâchis oblige les entreprises agroalimentaires à maintenir un taux de production élevé, demandant une grande utilisation de fertilisant. Mis à part l’épuisement prématuré du sol, cette surproduction provoque aussi une intoxication des agriculteurs et la pollution de l’eau. De plus, elle augmente la production de la planète en CO².
- L’économie
Jeter de la nourriture engendre économiquement une perte non négligeable pour tous les ménages. En effet, le budget alloué à l’achat des produits inutilisés aurait pu servir à financer d’autres projets pour l’amélioration de la qualité de vie.
- Le social
Sur le plan social, le gaspillage alimentaire est inacceptable. On compte actuellement plus de 870 millions de personnes souffrant de malnutrition dans le monde. D’un autre côté, l’industrie alimentaire mondiale rejette tous les ans 1,3 milliard de tonnes de nourriture. Cette quantité est 4 fois plus que le nécessaire pour éradiquer la faim sur tous les continents.

Les limites de la loi anti-gaspillage
La loi Garot ou loi anti-gaspillage est un dispositif obligeant les supermarchés de plus de 400 m² à faire don de leurs produits invendus à des associations caritatives. Entrée en vigueur en février 2016, cette loi est un des facteurs déclencheurs du mouvement contre le gaspillage des denrées alimentaires en France. Le dispositif a vite été adopté par un grand nombre de supermarchés. Les associations ont reçu, en 2018, 40 000 tonnes de produits et ont pu distribuer plus de 10 millions de repas.
Cependant, bien que la loi Garot fasse le bonheur des associations, elle ne fait pas l’unanimité chez les grands distributeurs. En effet, ces derniers n’y trouvent pas de réels bénéfices. De plus, la sanction de 3 750 € encourue n’est pas significative. Certains de ces distributeurs continuent de jeter leurs restes. Par ailleurs, les produits offerts sont souvent périmés et inutilisables.
Gaspillage alimentaire, vers une solution digitale
Le digital commence à se trouver une place dans le marché de la restauration. De plus en plus d’enseignes choisissent cette solution pour améliorer la gestion de leur entreprise et pour offrir aux consommateurs une meilleure expérience. La dématérialisation des informations offre un bon nombre d’avantages, le plus utile pour les restaurateurs étant la facilité d’analyse de tous les paramètres de l’établissement.
Le recours au numérique est aussi avantageux pour les particuliers. Des outils digitaux comme les bornes de commande sont désormais disponibles pour aider les ménages à être plus écologiques et à diminuer les détritus.
Les meilleures idées digitales pour limiter le gaspillage alimentaire
Pour limiter le gaspillage alimentaire, diverses idées basées sur l’utilisation des nouvelles technologies ont émergé. Les plus prometteuses d’entre elles sont :
- La poubelle intelligente et la gestion des déchets
La poubelle connectée est déjà disponible sur le marché de la vente. Écologique, elle intègre de multiples fonctions permettant de mieux gérer les déchets. Elle dispose d’un système d’alerte qui prévient en cas d’erreur de tri ou qui envoie un message à l’utilisateur quand elle est pleine. La majorité de ces boîtes à ordures sont électriques. Cependant, des modèles fonctionnant à l’énergie photovoltaïque sont aussi disponibles.
Pour plus de performance et pour mieux gérer les ordures alimentaires des familles, il faut avoir une vue globale de la gestion des déchets. Cela passe obligatoirement par l’analyse de la poubelle. La startup asiatique good for food est spécialisée dans ce domaine et propose une application numérique d’analyse des biodéchets. Couplé à la poubelle intelligente, cet outil permet de réduire ces derniers de 33 %.
- Les étiquettes intelligentes pour la sensibilisation de la consommation
Les étiquettes des dates de péremption des produits alimentaires sont très utiles pour la gestion de la réserve de nourriture. Cependant, leur efficacité est discutable. Effectivement, plus du tiers des déchets alimentaires sont encore comestibles.
Actuellement, une nouvelle technique est étudiée par les chercheurs britanniques pour remplacer l’étiquette classique. Elle est basée sur la détection des gaz résultant de la décomposition des aliments. Ces capteurs intelligents sont plus performants. De plus, ils ne coûteront que 0.02€ par emballage et seront plus écologiques.
Il faut savoir qu’en plus d’être peu fiables, les étiquettes de date de péremption ne sont pas vraiment accessibles. La grande majorité du public ne les consulte pas lors de l’achat. Pire encore, il est difficile pour les supermarchés de les contrôler régulièrement. La startup française Zero-Gachis s’est donné pour objectif de mettre à la disposition des grandes surfaces des outils de gestion plus adéquats pour mieux gérer leurs produits. Elle propose une visualisation simplifiée de la date de validité à l’aider d’un appareil dédié.
- Des plateformes numériques pour une meilleure relation acheteur-vendeur
Une grande partie des déchets alimentaires est générée par les invendus des grandes surfaces, des restaurants et des usines de fabrication. Les pertes occasionnées sont considérables. Pourtant, les produits dont la date de péremption est proche ou même dépassée ne sont pas invendables. En effet, certaines entreprises en ont besoin comme matières premières. Il est donc tout à fait envisageable de limiter le gâchis tout en augmentant son chiffre d’affaires.
Diverses plateformes de mise en relation ont vu le jour pour aider les entreprises agroalimentaires à trouver des acheteurs pour leurs produits invendus. Faciles à utiliser, elles sont disponibles en ligne et sont pour la plupart disponibles sur les appareils mobiles, via des applications gratuites.
- Création de couches de protection comestibles
Le développement de la technologie a permis la création d’emballages comestibles pour la protection des aliments et améliorant les conditions de conservation. Obtenue à partir de fibres végétales, cette fine couche de protection est directement appliquée sur la surface des fruits et des légumes. Le procédé de formation de ce film plastique transparent confère aux matériaux de base une plus grande résistance mécanique. Cette technologie est dégradable, hermétique et plus résistante que les films de protection de fabrication classique.
- Des plateformes de vente de produits proches de leur date de péremption
Certaines denrées alimentaires sont encore consommables bien après leur date de péremption. Parmi elles se trouvent le fromage, les chocolats, les pâtes, etc. Des plateformes de vente de produits périmés, ou presque, ont été créées pour proposer des aliments encore comestibles à prix cassés. Les supermarchés y voient une opportunité de revalorisation de leurs produits. Les consommateurs, quant à eux, consultent ces plateformes pour trouver des aliments à bas prix.
Deux types de dates sont à prendre en compte. La première est la date limite de consommation qui doit impérativement être respectée. Au-delà, le produit est interdit de vente. La deuxième est la date limite d’utilisation optimale, date avant laquelle il est conseillé de consommer le produit. Les denrées présentes sur ce type de plateforme affichent généralement les dates de cette deuxième catégorie.